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laps de temps

korrigans

AU BAL DES KORRIGANS

A lundi mardi danse

Le dimanche au bal des korrigans

L’orchestre joue du champignon

Oui mais du champignon accordéon

Dans l’assemblée des danseurs l’un dit

c’est une musique empoisonnante.

Persistant dans son cauchemar dit

des mots sans suite, sans rythme

parle d’une musique sans notes

une musique de silence.

Aussi les korrigans danseurs portent

sur ce non musicien d’amers crédits.

A celui-ci dont je dis

qu’il ferait mieux de se taire

pour ne pas déplaire

à ceux dont le ventre dit

qu’un festin s’annonce.

Car à n’en pas douter

l’on est a présent samedi.

Le temps est à la mesure

des korrigans, si dense

et changeant qu’il tourne

tourne au tempo

de l’accordéon hallucinogène.

 

Lundi mardi danse

Mercredi jeudi danse

Vendredi samedi danse

Et le dimanche recommence.

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LE DERNIER KORRIGAN

Depuis que la mémoire est,

il danse sur les landes de bruyère,

sous le vert profond des forêts,

il danse sous les hautes fougères

autour de champignons blanc de lune,

danse en discrétion sur les prés

 transpirant la rosée des fées.

Il a temps interprété

le rythme entêtant des grillons

et des grenouilles sur la mare.

Le korrigan infatigable danseur fou,

ce petit être malin

si vif que l’on ne voit

fils de la mère nature

et gardien de ses secrets.

 

Il est en exil aujourd'hui

dans nos cités de béton,

au bord des égouts

aux aguets dans l'écoute

des inaudibles mélodies naturelles,

morts sont les grillons

enfouis sous la tempête humaine,

mortes sont les grenouilles

sous les eaux polluées de la modernité.

Hors des monts

hors des chants connus,

en poursuivant dans les traces azurées

les tonnerres migrateurs d'acier

le korrigan fatigué s'est perdu.

A le dernier des korrigans

Perdu au bout de la terre

face à l’océan de l'incompréhension,

mouvantes lucioles face au miroir

ses yeux verts contemplent

l’irréel d’un laps de temps

où la mer en murmure si doux

chante une symphonie d'union

pour l'aube aspirant la noire nuit.

Ajusté sur chacune de ses oreilles

un écouteur coquillage

diffuse l'enregistrement originel,

là, dans une immobilité de granit

cerné du soyeux clapotis

qui en froideur cristalline

peint de bleu ses  petits mollets

le dernier korrigan

danse

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Dansante Mémorisation

 

Je cours pour le plaisir ou pour le besoin

comme seul un humain sans contrainte absolue

peut concevoir l’acte gratuit qu’il appelle sport.

Je cours et ne sais où mon instinct me guide,

je cours sous les frondaisons, je cours hors chemins,

sur les sentes de la faune invisible mes pieds se posent

animal craintif en contre vent dans l’instant je suis.

Happé dans le silence d’une clairière non répertoriée,

comme ce bateau lourdaud percutant l’iceberg,

mes jambes frappent l’écorce du tronc rugueux

de l’arbre abattu qui se meurt en discrétion.

L’humus humide prend l’empreinte de mon corps,

la fraîcheur de la mousse embrasse mon souffle

invitant dans mes narines l’odeur de la terre profonde

et sur mes tempes mon sang joue du tambour.

En contrecoup ma vue se voile d’étoiles filantes

qui en lenteur décroissante passent avant de se figer.

A dansante memorisation

Avec grâce l’une d’entre elles lève ses bras nus

elle est réplique miniature d’une femme ballerine.

Porteuse d’une perle de rosée au coin des yeux

son être dans son entier a invité la tristesse.

Vêtu d’un tutu cristallin en toiles d’araignées

sur la souche sciée en parfaite piste de danse,

elle est en équilibre sur la pointe de ses chaussons

ondulante et fragile en attente de la caresse du vent

musique naturelle dans les feuilles agonisantes

il devient compositeur d’un opéra lyrique.

La fille du roi des korrigans est née danseuse

et elle danse sur le tapis d’un sang de sève

d’un pas qui sanglote pour la mort de l’arbre.

Hommage à faire tressaillir le plus dur des cœurs

ondulant bras de chairs dénouant la vie de la mort

elle appelle en suppliques les racines à ressusciter.

C’est le temps où la clairière s’anime de sombres murmures

ils sont là, les korrigans furibonds qui ce soir ne danseront.

Combien sont-ils je ne saurais dire tant ils sont multiples

en garde-à-vous qui doucement se courbent de douleur.

Pestant au méfait dévastateur de leurs grands frères

ayant détourné leurs avides regards de la mère nature.

Nous ogres hommes d’une terre que nous rendons indigeste.

Danse belle korrigane implore, l’ombre protectrice

car voici le soleil ardent qui s’élève éclairant le désert.

sur ma tête il est déjà présent et mes yeux se ferment

A ma reprise de connaissance te reverrai-je ?

me souviendrai-je pour une prise de conscience.

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