laps de temps

La Petite Vieille

 

 

Dehors si loin

il pleut

des larmes souvenir

 

Comme l’oiseau dans sa cage

la vieille dans sa campagne

mène une vie sans partage

l’homme ne l’accompagne.

Il est parti seul un soir

à l’heure où l’on mange

en éclaireur d’avant le noir

donner le bonjour aux anges.

 

La petite vieille guette

l’aube coupés collée

sur ces jours oubliettes

sans cesse ré encollés.

Par des gestes lents éteignoir

surveille derrière ses carreaux

les murmures d’une mémoire

en cauchemars de bourreau.

 

Au tempo de la comtoise

elle écoute son cœur

et ce silence qui la toise

au creux de l’ombre sœur.

Dans la salle à manger

l’appétit n’a plus d’obligation

au menu c’est cachets bien rangés

pour si bien comprimer la tension.

 

Dans l’humide granit martelé

de la trop grande cheminée

la solitude s’est installée

au coin du feu abandonné.

Les copines en avant premières

sont sorties pour la grande récréation

de sa classe elle est la dernière

face au tableau des évocations.

 

Dans ses haillons de misère

elle se déplace arc-boutée

dans une lenteur de prière

radotée et toujours inécoutée.

Elle se soutient à ses souvenirs

et crie à ceux qui ne l’écoutent

qu’elle n’en peut plus d’agonir

Dans d’attente de l’enkou.

 

Dehors si près

il pleut

des larmes souvenir.

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